La randonnée du Mont Gros-Morne est l’une des plus célèbres et des plus spectaculaires de la côte ouest de Terre-Neuve. Ce sentier emblématique du parc national du Gros-Morne, parc classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, mène au deuxième plus haut sommet de la province, à plus de 800 mètres d’altitude. 

Quelle est la situation géographique et géologique du Mont Gros-Morne?

Le mont fait partie de la chaîne des Long Range Mountains, un prolongement des Appalaches formé il y a plus de 1,2 milliard d’années.

Son nom, d’origine française, évoque une “grande montagne solitaire”. Et c’est exactement ce qu’on ressent en l’observant depuis les vallées glaciaires environnantes.

Sur le plan géologique, le Mont Gros-Morne est un vestige spectaculaire de l’orogenèse des Appalaches, cette chaîne de montagnes formée il y a des centaines de millions d’années par la collision de continents. Le massif est principalement composé de roches métamorphiques (comme le gneiss) et de granites anciens, sculptés par les glaciers qui ont creusé de profondes vallées en U autour du sommet. Ces processus ont donné naissance à un relief saisissant : falaises abruptes, lacs d’altitude et panoramas à perte de vue.

Cette combinaison de géologie ancienne, de topographie alpine et de paysages glaciaires confère au Mont Gros-Morne une aura unique qui justifie pleinement sa renommée parmi les plus belles randonnées du Canada.

Fiche technique de la randonnée du Mont Gros-Morne

  • Distance : environ 17 km pour la boucle complète (sentier d’approche aller-retour et boucle du sommet)
  • Dénivelé positif : ± 1000 m
  • Altitude du sommet : 806 m
  • Durée : entre 6 et 10 heures selon le rythme et les pauses
  • Niveau de difficulté : difficile (exigeant physiquement et techniquement)
  • Type de sentier : sentier d’approche suivi d’une boucle et retour par le même sentier d’approche
  • Point de départ : stationnement du sentier Gros-Morne
  • Chiens : interdits
  • Tarif : droit d’entrée au parc (11 $ par jour pour 1 adulte en 2025)
  • Particularité : la météo peut changer rapidement, l’éboulis est dangereux par temps de pluie ou de brouillard, ne montez que par temps clair.

Le sentier d’approche : une mise en jambes paisible

Tout d’abord, nous avons commencé la randonnée vers 8h30. Il y avait déjà pas mal de monde sur le parking, mais il n’était pas plein. Avant même d’attaquer la montée, la randonnée commence par une longue portion en légère pente et facile à travers une forêt typique de Terre-Neuve. Ce segment fait environ 4,5 kilomètres (aller) et permet de s’échauffer tranquillement. En avançant, le paysage change progressivement et laisse deviner les montagnes, dont le Mont Gros-Morne. On longe quelques ruisseaux, on croise une chute d’eau… une belle entrée en matière avant le gros morceau. Nous étions pressés d’arriver au bout du sentier d’approche pour découvrir la fameuse montagne et l’éboulis dans lequel nous allions monter.

La montée dans l’éboulis : un mur de cailloux

Arrivé au pied de la montagne, une petite pause s’impose pour prendre un petit biscuit sucré pour nous donner des forces. La vraie ascension débute abruptement dans un champ d’éboulis qui monte vraiment fort par moments. C’est la section la plus redoutée du sentier, et avec raison. On grimpe sur de gros rochers instables, les cailloux glissent, et les jambes chauffent… Normal, c’est pas moins de 500 mètres de dénivelé qui s’étalent sur à peine 1 kilomètre de distance! Mais heureusement, le panorama commence à se dévoiler peu à peu en montant, notamment une superbe vue sur les lacs en contrebas.

On s’en est quand même bien sortis : une seule personne nous a dépassé, et on a même réussi à doubler quelques groupes. Ça motive dans les moments d’effort intense ! On est assez fier de notre performance sachant que nous ne sommes pas habitués à monter autant sur une aussi courte distance et sur un sentier de ce type.

Le sommet : un paysage à 360° qui coupe le souffle

Arrivé en haut, la souffrance de l’effort que nous venons de faire laisse place à la contemplation face à l’incroyable paysage qui s’offre à nous. À perte de vue, des montagnes arrondies, des vallées verdoyantes, et plusieurs lacs d’altitude sous le soleil. On a pris le temps d’y rester un bon moment pour savourer cette vue unique tout en mangeant notre pique-nique. Cela nous a permis de reprendre des forces avant de se rendre au point de vue le plus emblématique de la randonnée. 

Vue sur le Ten Mile Pond : le moment tant attendu de la randonnée

C’est donc un peu plus loin sur le sentier, après le sommet, qu’on découvre la vue plongeante sur Ten Mile Pond. Ce long lac étroit, encaissé dans une vallée glaciaire, est cerné de hautes falaises abruptes. L’eau bleu foncé du lac serpente entre les parois rocheuses, tandis que l’horizon s’étire jusqu’au golfe du Saint-Laurent au loin. C’est sans surprise l’endroit le plus photographié du sentier, souvent mis en avant sur Instagram, et à juste titre. On y a passé un petit moment, pour profiter de la vue et prendre des photos, avant d’entamer la descente.

Vue sur le lac encaissé entre des falaises depuis le Mont Gros-Morne

La descente : technique, longue et exigeante

On pourrait croire que le plus dur est derrière nous une fois le sommet atteint, mais ce serait sous-estimer la descente du Mont Gros-Morne. Le retour se fait par un sentier différent de la montée, qui forme ainsi une boucle. Ce sentier longe une large vallée glaciaire, puis serpente lentement à travers les montagnes et les arbustes jusqu’à rejoindre le point de départ.

Ce tronçon est tout aussi technique que la montée : le sol est rocailleux, parfois glissant, et demande une attention constante pour éviter de trébucher. Les genoux sont mis à rude épreuve, surtout après plusieurs heures de marche. Cela dit, la vue reste splendide tout au long du chemin.

Attention, c’est souvent lors de la descente que l’attention diminue et qu’on se blesse. Il faut toujours rester attentif où on met ses pieds, même en descente. D’ailleurs, vers la fin de la descente, je me suis cogné le genou à une racine d’arbre qui sortait du sol et qui était cachée par des feuilles. Résultat: un beau gros bleu sur le genou. 

Que faut-il emporter avec soi ?

C’est une randonnée sérieuse qui demande une bonne préparation. Voici ce qu’on recommande d’avoir dans votre sac :

  1. Minimum 2 litres d’eau par personne (il n’y a pas de point d’eau potable sur le parcours)
  2. Collations énergétiques et lunch
  3. Coupe-vent ou veste imperméable (le sommet est exposé au vent et le temps peut vite changer)
  4. Couches chaudes, même en été (il peut faire froid en altitude, même si ce n’était pas le cas quand nous y sommes allés)
  5. Bâtons de randonnée (facultatif, mais utiles pour la descente, nous n’en avions pas mais ils auraient peut être facilité la descente)
  6. Bonnes chaussures de randonnée avec adhérence (Julien portait des chaussures de randonnée montante, et moi des basses, aucun de nous deux n’a eu de souci)
  7. Crème solaire et casquette (et lunettes de soleil optionnellement)
  8. Trousse de premiers soins de base

Conseils pratiques pour randonner au Mont Gros-Morne

Cette randonnée est longue, physique, et parfois technique. Mieux vaut donc bien s’y préparer pour en profiter pleinement. Voici quelques conseils pour mettre toutes les chances de votre côté :

  1. Attendez une belle journée et soyez sûr de la météo. La vue au sommet est l’une des principales récompenses, alors choisissez un jour ensoleillé ou partiellement dégagé. Ce serait dommage d’arriver en haut et d’être dans les nuages. De plus, le temps peut être très changeant et, en cas de pluie, le sentier devient glissant et l’ascension dans l’éboulis peut devenir dangereuse.
  2. Commencez tôt. Il faut compter entre 6 et 10 heures pour compléter la boucle selon votre rythme. Partez tôt le matin pour éviter de redescendre trop tard (ou dans la noirceur), surtout hors saison. En été, lorsque les journées sont longues, cela est moins contraignant. 
  3. Avec la section d’éboulis et la longue descente technique, de bonnes chaussures de randonnée sont indispensables.
  4. Faites très attention à la montée dans l’éboulis. C’est là que vous êtes le plus susceptible de vous blesser (entorses, coups de chaud,…). Lors de notre randonnée, nous avons d’ailleurs aperçu un hélicoptère qui venait chercher un randonneur qui s’est blessé. Ce type d’accident est apparemment assez fréquent. Allez-y à votre rythme!
  5. Emportez beaucoup d’eau et des collations. Il n’y a aucun point d’eau potable sur le sentier. Et vu l’effort demandé, vous aurez besoin de carburant, surtout en cas de coup de mou.
  6. Téléchargez la carte à l’avance. Bien que le sentier soit balisé, il est toujours utile d’avoir une application comme AllTrails ou Maps.me sous la main. Il y a notamment un tronçon, avant le sommet, où le chemin est moins clair et vous pourriez dévier du bon sentier. 
  7. Enfin, prenez votre temps et profitez du parcours. Ce n’est pas une course. De plus, quitte à monter en haut, autant en profiter! 

Quand faire la randonnée du Mont Gros-Morne ?

Le sentier n’ouvre officiellement qu’entre fin juin et début octobre, selon les conditions. Le meilleur moment est sans aucun doute l’été, entre début juillet et mi-septembre, lorsqu’il fait plus chaud, que les journées sont longues et que vous êtes sûr de ne pas avoir de neige.

Évitez de faire cette randonnée s’il pleut ou s’il y a du brouillard. La montée dans l’éboulis devient alors glissante et dangereuse, et vous n’aurez aucune vue au sommet.

À quelle heure débuter la randonnée du Mont Gros-Morne ?

C’est une randonnée qui demande du temps, de l’énergie… et de la lumière du jour. Nous vous recommandons donc vivement de commencer l’ascension tôt le matin, idéalement entre 7 h et 9 h. Non seulement vous aurez tout le temps nécessaire pour compléter la boucle sans vous presser, mais vous profiterez aussi de températures plus fraîches à la montée et de meilleures conditions d’éclairage pour vos photos.

En été, les journées sont longues, mais le soleil peut taper fort en fin de matinée, surtout lors de la montée dans l’éboulis, qui est complètement exposée. En partant tôt et en faisant l’ascension avant les heures où le soleil tape trop, vous facilitez l’effort. 

Commencer tôt, c’est aussi éviter la majorité des randonneurs, ce qui est toujours appréciable sur un sentier populaire comme celui du Mont Gros-Morne.

Comment accéder au parc national du Gros-Morne ?

Le parc national du Gros-Morne se trouve sur la côte ouest de Terre-Neuve, à environ 700 km de St. John’s et 60 km de Deer Lake, la ville la plus proche. Pour s’y rendre, il faut d’abord mettre le pied à Terre-Neuve, soit :

Une fois sur l’île, le parc est bien desservi par la Route 430, aussi appelée Viking Trail, qui longe la côte ouest jusqu’au nord de l’île. Cette route panoramique traverse des paysages superbes et relie tous les secteurs du parc.

Comment accéder au sentier du Mont Gros-Morne?

Il y a un stationnement dédié à l’entrée du sentier, mais attention, aucune navette n’est disponible, vous devez donc être autonome en voiture. Les places de stationnement peuvent se remplir rapidement en haute saison, une autre bonne raison de partir tôt le matin.

Où dormir près du Mont Gros-Morne ?

Pour profiter pleinement de la randonnée du Mont Gros-Morne, nous vous conseillons de loger à proximité la veille, afin de pouvoir commencer tôt le matin. Le village de Rocky Harbour est le point de chute idéal car il se trouve à environ 20 minutes en voiture du stationnement de départ et offre un bon choix d’hébergements, allant des motels simples aux chalets avec vue sur la mer. Norris Point, un peu plus au sud, est aussi une belle option.

Faut-il un permis ou payer un droit d’accès ?

  • En ligne sur le site de Parcs Canada
  • À l’un des centres d’accueil du parc
  • Directement à l’entrée du terrain de camping si vous y séjournez

Il n’est pas nécessaire de réserver la randonnée du Mont Gros-Morne à l’avance, ni de s’enregistrer comme pour une randonnée alpine technique. Toutefois, il est fortement recommandé de partir tôt et de prévenir quelqu’un de votre itinéraire, surtout en cas de conditions météo incertaines.

Que faire d’autre dans le parc national du Gros-Morne ?

Si la randonnée du Mont Gros-Morne est sans doute la plus emblématique du parc, elle est loin d’être la seule à valoir le détour. Pour une aventure plus tranquille mais tout aussi spectaculaire, le fjord de Western Brook Pond est un incontournable. On y accède via une marche facile d’environ 3 km (aller) à travers marais et toundra, jusqu’à un quai où l’on peut embarquer pour une croisière au pied d’immenses falaises. 

Autre belle option : les Tablelands, cette étendue rocheuse orangée aux allures lunaires, où l’on peut marcher sur une portion de croûte terrestre vieille de plusieurs centaines de millions d’années. Il existe un court sentier (Tablelands Trail, 4 km aller-retour) qui offre une belle introduction à cette curiosité géologique. 

Notre avis sur la randonnée du Mont Gros-Morne

Faire l’ascension du Mont Gros-Morne est un défi, c’est indéniable. Mais c’est aussi une aventure inoubliable, tant pour la beauté des panoramas que pour la satisfaction d’avoir atteint l’un des sommets les plus mythiques de l’Est du Canada. On en ressort fatigué, mais heureux, et avec une bonne dose de fierté. Si vous prévoyez un séjour dans le parc national du Gros-Morne, accordez à cette randonnée une journée complète, et surtout, choisissez bien votre météo. Et si vous hésitez encore : allez-y. 

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